Le Complot

janvier 20, 2018

19 octobre 2017.

Silence profond de la nuit.

Ciel noir étoilé.

La caméra entame un lent travelling vers l’horizon.

« Bon ok, on arrête tout ! Cela fait un peu trop contrefaçon à la Star Wars. »

La comparaison s’arrête là, car l’image se fige sur un sol de roches volcaniques où se trouve une grande coupole.

On reprend. 19 octobre à Hawaï, Robert Veryk, un jeune post doc, trouve un drôle de point lumineux sur une photo prise par le PanSTARRS 1. Il faut dire que son appareil est assez performant : un télescope de presque 2 mètres de diamètre et un redoutable appareil photo de 1,4 milliards de pixels, le truc à faire déprimer tout photographe amateur ou professionnel. Cette machine de guerre a pour mission de repérer les astéroïdes qui pourraient croiser la Terre (dans le langage hollywoodien, on dirait les gros rochers qui ont vocation à s’écraser sur notre planète bleue en déclenchant des extinctions massives, genre fin des dinosaures).

Donc, Robert a un boulot sérieux. Flippant mais sérieux ! Il se gratte la tête et se dit qu’il y a peut-être là un truc bizarre. Il cherche dans les photos de la veille et retrouve l’intrus qui n’est pas à la même place. Dans un cas pareil, on donne l’alerte et on baptise l’objet d’un nom poétique dont seuls les scientifiques ont le secret : C/2017 U1.

En décodage pédant, on dirait C pour comète, 2017 pour année de découverte, U pour deuxième quinzaine d’octobre et 1 pour premier objet de la période. Bing, bang, boum. C’est torché et le télégramme astronomique va faire le tour des observatoires mondiaux. L’affaire est suffisamment sérieuse pour que l’on mobilise, au Chili, le VLT, le « very large telescope » européen. C’est le nec plus ultra de la technologie. Quatre monstres de 8,4 mètres pouvant se gorger du moindre photon de lumière. Et là, les choses se gâtent pour la première fois, mais vraiment pour de vrai. Pas de poussière autour de l’objet : la comète n’en est pas une. Il faut changer son état civil. Bon d’accord, c’est plus facile qu’à la mairie. On remplace le C par A pour astéroïde et le tour est joué. Nous sommes le 25 octobre. S’engage alors une vraie traque à faire pâlir Sherlock Holmes. Le 26 octobre il est annoncé que A/2017 U1 avait été vu dès le 14 par le Catalina Sky Survey. Une aubaine car les ordinateurs peuvent alors calculer avec précision sa trajectoire. Je ne vais pas vous faire un cours de trigonométrie en 3 dimensions mais le résultat qui tombe fait passer l’objet de curiosité scientifique à star médiatique. Tout d’abord, il arrive dans un plan quasi perpendiculaire au système solaire, ce qui est déjà assez rare mais, en plus, son excentricité est très supérieure à 1. Ben oui, en astronomie on peut être plus excentrique qu’excentrique sans être pour autant un clown.

Là, cher lecteur, je te sens décrocher devant de tels chiffres dont tu n’as strictement rien à faire. Et pourtant ta perplexité sidérale rejoint avec perspicacité l’intersidéral d’où vient l’objet. Le 25 novembre, le bébé hawaïen est à nouveau rebaptisé en I/2017 U1 (I pour Interstellaire) et gagne un nom : Oumuamua. Robert, sans le savoir, venait de découvrir le premier objet venu de l’extérieur de notre système solaire.

« Je te dis pas la panique dans la communauté scientifique. Pire que des paparazzi. Clic, clac. Il faut avoir l’info la plus exclusive, mon coco. Et quand les observatoires du monde se mobilisent, ça crache du lourd, du très lourd même ! » L’objet fait 400 mètres de long pour 40 de diamètre : une sorte de gros cigare allongé. Mieux encore, il est lourd : du rocher et peut être même du métal. Quant à sa couleur, elle est rougeoyante.

Ça ne vous fait pas penser à quelque chose ? Un vaisseau intergalactique de Star Wars ou star Trek, fonçant vers la terre à 80 km par seconde ! Le magnat russe Uri Miller active rapidement les immenses antennes du programme « Breakthrough listen » pour tenter de rentrer en communication. Malgré la distance qui atteint déjà 300 millions de km, les récepteurs radio sont si sensibles qu’ils pourraient entendre le signal d’un smartphone.

Et le 13 décembre, ils écoutent, ils écoutent et entendent soudain … RIEN !

Ça, c’est la version officielle ! Car sur la toile se propage rapidement une vérité à la X-files. Malgré le complot du silence, les sources officieuses vous le diront : ILS SONT VENUS.

En attendant, Oumuamua file à vive allure vers d’autres galaxies sans se soucier de nos petites histoires.

 

André Montaud

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