L'acheteur acteur de la création de valeur durable ?

mai 31, 2021

Une nouvelle méthode proposée par les chercheurs du Lab PEAK

La performance économique et la sécurisation de la supply chain sont des éléments prépondérants dans le contexte actuel. Nos organisations doivent également répondre à des enjeux sociétaux de diminution des impacts, portés parfois par les équipes elles-mêmes. Dès lors, il apparait indispensable d’anticiper et de se préparer à de nouveaux modèles plus durables. Des méthodes nouvelles sont donc nécessaires !

Des travaux inédits conduits par le Lab PEAK ont été dévoilés en avant-première nationale aux membres des Club PEAK le 20 mai 2021 dont nous donnons ici des points clés.

L’enjeu : redéfinir le besoin d’achats de façon plus fonctionnelle, fédérer les parties prenantes

Aller sourcer un besoin défini par un prescripteur interne, sur marché fournisseur existant, est une compétence de base de l’acheteur. Fédérer de multiples parties prenantes internes, pour définir un besoin fonctionnel, et animer un réseau de fournisseurs à même de concevoir et réaliser le produit/service le plus performant durablement, est plus complexe. Le Lab PEAK de Thésame a anticipé cette situation et a coordonné depuis 2017 un travail de recherche appliquée sur le rôle de la fonction achats intitulé « Stimuler l’adoption d’offres innovantes de rupture produits/services » à travers une expérimentation terrain au sein du groupe EDF, permettant de définir un cadre d’analyse (en savoir plus ).

Une méthode nouvelle élaborée par des chercheurs et présentée en avant-première aux entreprises du Club PEAK

Le Club PEAK est un lieu de réflexion et d’échanges sur les pratiques collaboratives inter-organisationnelles pour de l’innovation ouverte et durable. Le second Club de l’année, le 20 mai, traitait du rôle des achats dans la création de valeur durable. Les participants ont pu assister à la première restitution publique de travaux menés dans le cadre du programme PEAK 3.0, sur la période 2017-2021*, par Christine LAMBEY (Maître de Conférence Sciences de Gestion à l’Université Clermont Auvergne), Martha ORELLANO (Auteur d’une thèse sur le cadre méthodologique pour l’accompagnement de la création de valeur durable), Gilles NEUBERT (Professeur de management des opérations et supply chain à l’EM Lyon) et Fabienne GREBERT (Correl).

Une méthode conçue à partir d’un accompagnement conduit chez EDF sur les vêtements de travail

Les travaux du projet avaient pour but de proposer aux équipes achats des méthodologies pour permettre de passer d’un achat de produit à un achat d’offre servicisée la plus durable possible, avec comme terrain d’expérimentation le cas des équipements de protection individuels (vêtements de travail chez EDF) :

  • passer d’un achat de vêtements, confié aux salariés qui en assurent l’entretien et ont la responsabilité de leur fin de vie, avec les risques associés pour l’entreprise
  • à une offre de produit/service performante sur les 3 phases du cycle de vie :
    • Phase amont de conception : choix et provenance des matières, confection, livraison
    • Phase d’utilisation : entretien externalisé des EPI
    • Fin de vie : collecte des EPI usagés, revalorisation

Passer d’une livraison unique de matériel à une offre de service implique l’intégration des fournisseurs dans les processus de l’entreprise, d’où une complexité accrue à travers :

  • la multiplication des parties prenantes internes (PPI) pour prendre en compte les implications sur le personnel (CSE, RH), l’entretien (logistique) ou les aspects comptables et juridiques.
  • le nombre d’interactions avec l’éco-système (parties prenantes externes – PPE) pour identifier et concevoir les solutions possibles (fabricants de tissus, confectionneurs, prestataires logistiques, prestataires d’entretien, filière de revalorisation en fin de vie),
  • les volumes annuels considérés (44 000 agents utilisateurs du service, plusieurs M€ de dépense, 300 T de vêtements en fin de vie)

Au-delà des 3 piliers classiques de la valeur durable (économique, environnemental et social/sociétal), les travaux proposent également d’évaluer la valeur fonctionnelle du service proposé (confort, durée de vie, traçabilité, possibilité de désassemblage) et la valeur relationnelle créée par la collaboration entre PPE & PPI (partage d’innovation, qualité de la relation, image de marque). Dès lors la difficulté réside dans l’évaluation de ces différentes dimensions de la valeur, valeur qui est multidimensionnelle, subjective en fonction des acteurs, évolutive au fur et à mesure du process, et relative (solutions alternatives).

Le point clé de la méthode : une aide à la sélection des offres nouvelles issues des fournisseurs

Après une phase d’analyse des solutions concurrentes, les travaux recommandent un partage des représentations de la valeur dans une approche d’intelligence collective, permettant de pondérer les critères d’analyse. Là où une pondération classique trouverait vite ses limites (multiplicité des critères, difficulté de pondération, évaluation exhaustive impossible compte tenu des nombreuses inconnues ou valeurs intangibles en phase de conception), les auteurs proposent d’utiliser le modèle AHP (Analytic Hierarchy Process). Cette méthode vient comparer 2 à 2 l’importance relative de critères, prenant en compte les points de vue à la fois rationnel et subjectifs de chaque acteur impliqué dans la prise de décision, pour construire un modèle hiérarchique et mathématique de prise de décision.

A chacune des 3 phases du cycle de vie, les critères sont définis (coût d’achat, qualité de la fibre, empreinte carbone générée par le lavage, recyclage des vêtements, …), et reliées aux 5 dimensions de la valeur hiérarchisées. Chaque solution alternative est alors évaluée selon ce modèle, ce qui permet de dégager les offres créant le plus de valeur durable :

Nous avons noté un vif intérêt des participants du Club sur cette méthodologie, et nous sommes à votre disposition pour vous accompagner dans l’expérimentation dans vos organisations.

Contact :

Olivier FAVIER – of@thesame-innovation.com

* Ces travaux ont reçu le soutien financier du Groupe EDF, de THESAME, du Fonds F2I/UIMM, du Plan d’Investissement d’Avenir PIA2 et de son opérateur financier le Caisse des Dépôts dans le cadre du projet ACE de la PFA (Filière Automobile et Mobilités) ainsi que de l’ARC8 de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

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