Le futur de la robotique dans l'industrie du futur
Comment le robot est appelé à coopérer avec l’humain ?

mars 26, 2021

Quel avenir pour la robotique et sous quelles formes dans le futur de l’industrie ? Face aux évolutions technologiques et à leur accélération, trois spécialistes du sujet nous invitent à explorer la place des robots d’aujourd’hui à demain, dans une industrie en mutation. Échange sur la robotique collaborative et la robotique mobile.

Sacha Stojanovic est le dirigeant fondateur de Meanwhile, entreprise spécialisée en robotique mobile autonome. Il est également diplômé du Master Spécialisé Digital Humanities de Sciences Po,

Frédéric Helin est le directeur du cluster robotique régional Coboteam Auvergne-Rhône-Alpes,

Patrick Monassier est expert Industrie du Futur et robotique et co-fondateur de la société « Dérisqueur » qui accompagne de jeunes entreprises innovantes.

Comment l’humain est appelé à coopérer avec le robot

 

La cobotique sort le robot de sa cage grillagée pour collaborer directement avec l’homme. Est-ce l’association du savoir-faire de l’homme avec la force et l’endurance du robot ?

Patrick : « Le robot a été inventé par l’homme pour le remplacer dans des tâches physiques. Mais le robot le dépossède de sa force physique d’où l’idée que le robot lui prendrait sa force de travail et pourrait le remplacer. Cela peut créer un sentiment de déclassement chez certains opérateurs de production qui peuvent craindre d’être dépossédés de certaines capacités décisionnelles. La question est de savoir si nous souhaitons coexister, coopérer ou collaborer avec le robot ? Le choix du verbe est important. »

Frédéric : « La robotique dite collaborative est de plus en plus présente dans l’industrie. L’objectif de ces applications est clairement de décharger les opérateurs des tâches à faible valeur ajoutée. Le terme “collaboratif” est encore exagéré ; l’Homme et la machine sont de plus en plus proches mais rares sont les applications où ils collaborent vraiment. Il existe néanmoins des travaux de recherche publique et privée qui ouvrent d’importantes perspectives. C’est autant une question d’usage que de technologie. »

 

Pensez-vous que la cobotique peut être source d’emplois à plus fortes valeurs ajoutées ?

Sacha : « Je suis certain que cela va favoriser les salariés. Décharger l’homme des tâches non valorisantes pour qu’il trouve du plaisir sur des actions de plus haut niveau de réflexion est motivant. Néanmoins, le piège est de croire qu’il suffit d’installer un robot pour que la productivité augmente miraculeusement. Il faut chercher des gains de productivité d’une façon fine avec des objectifs précis. Je suis persuadé que c’est sur cette base que les industriels et leurs collaborateurs trouveront la meilleure productivité dans une ambiance constructive. »

Patrick : « L’introduction des nouveaux moyens de production et le concept d’Industrie du Futur nécessitent de décloisonner les métiers. Nombre d’entreprises souhaitent avoir des profils de bons niveaux techniques aptes à travailler en équipe prenant plaisir à coproduire et co-innover avec des collègues d’autres formations et métiers. L’Entreprise du Futur est une entreprise ouverte et apprenante : c’est une stratégie insufflée par la direction. La productivité par l’ambiance n’est pas un concept creux, il y a de réels gains de productivité derrière. »

Frédéric : « Oui, la collaboration Homme-Robot sera valorisante pour les personnes et pour l’entreprise. Nos industries ont besoin du meilleur que peut apporter l’humain dans son intelligence et sa dextérité, la machine n’arrivera qu’en support de ces qualités. Pour rester en tête de peloton et créer des emplois à très haute valeur ajoutée, elles ont besoin d’outils permettant un haut niveau de performance. Les cobots représenteront une part importante de ces outils. »

 

Quelles plus-values peut-on attendre des robots mobiles pour la productivité et les opérateurs ?

Sacha : « L’adoption de robots mobiles répond à des attentes d’amélioration de la logistique interne. Le but est de décharger le personnel des tâches de transport chronophages à faible valeur ajoutée. »… « Quand le TRS (NdlR : Taux de rendement synthétique) est élevé, l’organisation fait souvent qu’un opérateur est à la fois sur la ligne de production et en charge d’approvisionnement. En dédiant un robot à cette dernière tâche, il peut se focaliser sur son métier premier. »

Patrick « En effet, il y a une cohabitation efficace, les opérateurs étant alors plus concentrés sur des attentes ponctuelles et urgentes alors que les robots assurent la distribution pilotée par l’informatique de production. Cela n’empêche pas de solliciter un robot sur demande si nécessaire. »

Frédéric : « La robotique mobile autonome fait actuellement partie des innovations les plus importantes pour l’industrie. Nous entendons par innovation une nouvelle technologie et/ou, un nouvel usage qui s’est largement diffusé parce qu’il apporte des bénéfices concrets. Les robots mobiles sont innovants car ils sont utiles. Le prochain enjeu sera de développer des machines capables de se déplacer mais aussi de saisir et manipuler des pièces de manière tout aussi utile… »

 

Retrouvez l’intégralité de cet échange dans le JITEC n°227 de mai-juin.

Liens complémentaires :

en savoir plus sur coboteam

CONSULTEZ La page du jitec !

Partagez l’info sur vos réseaux !

Ces actualités pourraient également vous intéresser :

Touche Entrée pour lancer la recherche et Esc. pour fermer