MAI 68 A l’USAGE DES GENERATIONS X, Y ET MILLENNIALS

mai 21, 2018

1968 était, par certains côtés, un monde aussi ancien que futuriste

Cette fois, je ratisse large : du soixante-huitard baby boomer sur le retour au fringant jeune à pouce hypertrophié. Mais trouver un angle d’attaque, pour un anniversaire maintes fois rabâché, est assez casse-gueule si on ne veut pas passer pour un chroniqueur proche du ranci. Sous les pavés, la plage ! Oui, mais quoi encore ?

Le téléphone. Ah, le téléphone ! 4 ans, mon bon Monsieur. Il fallait jusqu’à 4 ans pour obtenir une ligne. Aujourd’hui, tu rentres dans la boutique et tu passes plus de temps à choisir ton modèle de portable qu’à enfiler la carte SIM et à parler en illimité. Avant, t’avais le choix entre le modèle noir et le noir. Et ensuite c’était la surprise. Soit tu étais connecté à un standard électromécanique, on disait automatique, et tu pleurais à la réception de la première facture. Soit tu étais en manuel et tu devais passer par une « demoiselle du téléphone » appelée ainsi parce qu’elle était recrutée exclusivement parmi des jeunes filles célibataires, dont l’éducation et la morale étaient irréprochables. Autre temps, autres mœurs.

En médecine, un playboy, sud-africain, méga bronzé et au sourire ultra brighté, réussissait les premières greffes du cœur. Aujourd’hui, Carmat propose de faire de même avec des cœurs artificiels pour pallier le manque de donneurs.

En 1968, on recevait enfin les premiers signaux d’extraterrestres. Ouais m’sieur, du bien puissant venu du fond de l’Univers. Un bip très régulier toutes les 1,5 secondes (très exactement 1,337301192 seconde). Cette précision ne pouvait venir que d’une intelligence supérieure qui voulait nous parler. Enfin, nous n’étions plus seul au monde ! On baptisa le bip-bip LGM-1 pour Little Green Man (Petit Homme vert). Las ! On découvrit ensuite que le signal venait d’étoiles très denses qui tournent très vite : les pulsars. Aujourd’hui dans une quête quasi freudienne, l’Homme cherche toujours la vie ailleurs : sur Mars avec des robots, en chopant une comète au vol ou en tentant d’observer des planètes habitables, loin, très loin de chez nous. Maman, t’es où ?

Remettons les pieds sur terre ou plus précisément au salon. 68, c’est la révolution de la télé couleur qui commence tout juste à émette. On a alors le choix entre la première chaine en noir et blanc HD et la seconde en SECAM (un standard franco-français). Mais la grosse boite à images est une créature bien fragile. L’ORTF (le France Télévision du siècle dernier) diffuse la majorité du temps une mire permettant de régler la hauteur, la largeur et le centrage de l’image avec des molettes mystérieuses que nul n’avait le droit de toucher (votre chroniqueur, alors bien jeune, en fit une cuisante expérience). Aujourd’hui, la télé se compresse en MPEG4 et se consomme où l’on veut, quand on veut et en 5 pouces comme en 65. Mais la magie a disparu.

Bon, on oublie Internet, les mails, Facebook et la protection des données personnelles dont on n’avait pas la moindre idée. Le seul réseau social bien établi s’appelait alors « café du commerce ». Mais en 68, naissait pourtant un petit machin qui allait révolutionner l’informatique : la souris ! Elle venait des cerveaux de Stanford et pas d’un Steve Jobs qui attaquait alors sa poussée d’acné juvénile avant de s’occuper avec succès d’autres boutons.

Ainsi allait l’année 1968.

Concorde roulait pour la première fois sur le tarmac de Toulouse avant de se faire ramasser par le choc pétrolier, un protectionnisme américain virulent et un niveau sonore à faire pâlir les plus extrémistes organisateurs de rave party.

Dans les voitures où le rétroviseur extérieur était optionnel, les ceintures de sécurité devenaient obligatoires mais seulement à l’avant. Les passagers arrière avaient toujours le droit de traverser le parebrise en cas de choc violent.

Les Russes et les Américains jouaient aux petites fusées dans une course effrénée à la Lune, avec une débauche de technologies, de dollars et de roubles, comme on n’en a plus jamais vu. Notre voisine sortit de sa torpeur de grand désert gris pour devenir, pendant 3 ans, un fabuleux Disneyland. Aujourd’hui, on n’arrête pas de reculer le jour où on enverra des hommes vers Mars. Mais où est passé ce brin de folie des grands explorateurs ?

C’était tout ça, l’année 68 et beaucoup de choses encore. Un monde qui, par certains côtés, est aussi lointain que celui des dinosaures et, par d’autres, d’une modernité qui nous ringardise aujourd’hui. Imaginée alors, notre vie du troisième millénaire donnait « 2001, l’Odyssée de l’Espace », bien loin de notre réalité quotidienne mais bien proche dans nos questionnements. C’est pour cela qu’être innovateur, c’est avant tout une école d’humilité, car ce que sera réellement demain, nul ne peut le prédire. Alors, donnons-nous rendez-vous dans 50 ans pour lire, avec délectation, la chronique que ne manqueront pas d’écrire les milléniums d’aujourd’hui…

André MONTAUD

am@thesame-innovation.com

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