[Chronique innovation]
JE SUIS (ENFIN) OBSOLESCENT !

septembre 24, 2019

L’obsolescence programmée est un mal du siècle. Elle ne s’applique pas qu’aux machines, la preuve !!

L’obsolescence, c’est insidieux. Regardez, le bon vieux Windows 7, hyper stable, hyper ergonomique : POUBELLE, car il n’est plus maintenu et devient une vraie passoire à hackers. Idem pour mon aussi poussiéreux Chromebook qui m’annonce gentiment qu’il me quittera dans 6 mois, renonçant de fonctionner avec les toutes jeunes et fringantes applications en développement (c’est même écrit dans les conditions générales de vente que personne ne lit). C’est râlant, mais, après tout, ce n’est pas bien grave, même si, avec de telles bêtises, on ne fait pas du bien à la planète. Il faudra bien, qu’un jour, le monde du numérique se pose vraiment quelques questions existentielles au lieu de continuellement accélérer. Mais là, n’est pas mon propos.

Pendant que je combattais l’obsolescence en recherchant du matériel de remplacement, tel un Don Quichotte du web, je suis tombé par hasard sur une offre d’emploi proposé par Bill, directeur technique de LaStartupQuiRecrute.com. Une bonne bouille le gars, même si, pour les besoins de la chronique, j’ai un peu changé les noms.

Comme c’est de la pure startup dopée à la Licorne French Tech, l’offre est évidemment en vidéo sur les réseaux sociaux : pas le genre à se fourvoyer dans les trucs à la papi, genre APEC ou ANPE. J’augmente le son, je clique sur play et j’écoute.

Ça attaque tout de suite dans le dur : « Pour les stacks mobile on est sur Kotlin et Swift. Pour ce qui est du backend, on est sur Python et Django et on ne s’interdit pas d’être sur du Go très prochainement. Pour les infrastructures on est sur TerraForm, Kubernetes et Docker. On utilise Travis pour la CI-CD. Pour tout ce qui est Science, on utilise les stacks habituels Hadoop, Spark et tout ce qu’on va trouver sur AWS. » Là, je me suis demandé si le Bill n’avait pas programmé mon obsolescence personnelle. Heureusement, ce qui suivait me ramenait dans un monde que je connaissais : « Le challenge n’est pas technique, il est humain : on est en train de faire passer l’équipe de 20 à 50 personnes ». Mais oui, mon gars, t’as compris que le numérique c’était d’abord l’homme au cœur. Hélas, j’ai vite déchanté : « il y a des énormes enjeux de culture et de Team Play. On va se réorganiser en team future[…]. On a une énorme Road Map qu’il faut venir dépiler. Sur la partie Core et architecture on redécoupe notre MVC pour plus de scalabilité en microservice ou en SOA si besoin. »

Tiens, je vais dire cela lundi en réunion de direction : « Les gars on a un gros problème de scalabilité. On va transformer nos équipes de Play en Future. Quelqu’un à quelque chose à redire ? ». Sûr que cela va faire son petit effet !

Vient ensuite l’aspect RH. Important les RH !  «On a une bonne équipe de brutes pour coder mais n’hésitez pas à nous rejoindre si vous en êtes une. On est sur des sprints de 15 jours avec une release par jour, Scrum, Kanban, c’est plutôt à vous de choisir en fonction de la team future que vous rejoindrez. Y a plus qu’à s’asseoir et coder[…].»

Dernière étape, le SENS. C’est essentiel le sens pour les milléniums : «Au quotidien on va essayer d’être le plus transparent possible pour t’apporter du contexte, qu’il soit business ou tech, pour te permettre de comprendre les enjeux afin que tu ne fasses pas que coder. On cherche des product owner, des scrums masters, des fronts, des backs, des datas scientists, des Dev Mobiles, des ingénieurs managers, etc.. »

Après ce brief, je me suis dit que le poste était pour moi. J’ai donc pris ma plus belle plume digitale : « Cher Bill, comme tu le souhaites, je suis une véritable brute, genre Neandertal de la préhistoire. J’ai appris le Fortran, le Pascal, le C++ et même le vieux Basic du Commodore 64. Comme je fais de l’innovation, je me sens plus à l’aise dans une équipe Future que dans une équipe Play (je ne pratique pas les jeux vidéo). De par mon âge senior, ma carrière est plutôt back que front mais je suis sûr que ma compétence est scalable comme tu dis. Et puis, cher Bill (tu permets que je t’appelle Bill, hein ?) essaye d’éviter ton langage globlish, genre nouveau monde. Il te semble moderne, mais le vrai futur se bâtit dans l’inclusif et pas dans l’exclusion au travers de jargons abscons pseudo technos. Tu parles de sens mais tu ne mets en avant que tes outils. Ne singe pas l’ancien monde.  Tu verras que tu auras beaucoup à y gagner. Et si j’ai un dernier conseil de vieux à te donner, sort un peu de ta bulle techno qui fait surchauffer le correcteur orthographique de Word :  le client ne l’achète pas, l’ingrat ! Dans la vraie vie, il aime le service utile, pas la façon dont on l’obtient. Je t’embrasse. »

J’attends la réponse !

 

André Montaud

En phase d’obsolescence revendiquée

am@thesame-innovation.com

 

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